Vivre à Paris

Au fil de la Guillotine

Nous n’allons pas faire ici l’historique complet de la trancheuse, mais rappeler que c’est au 9 rue de l’Ancienne Comédie qu’elle fut testée, sur des moutons. Devenue instrument officiel du pouvoir, elle est d’abord installée place du Trône renversé (ex place du trône et future place de la Nation) pour exécuter les voleurs des bijoux de la Couronne. Puis elle migrera place de la Révolution, ex place Louis XV, futur place de la Concorde. On connait la suite…

La Restauration arrivée, les descendants des décapités n’en perdent pour autant leur humour. Dans un hôtel construit par Ledoux rue de Provence, se tient un bal qui leur est réservé : le bal des victimes La coupe de cheveux rase sur la nuque (comme fait le bourreau avant d’opérer) devient même une mode des plus courue !

La guillotine, elle, continue son bonhomme de chemin.  De 1851 à 1899, elle fonctionne en public, face au 143 rue de la Roquette, devant la prison.  Le bourreau et ses aides installaient la machine en tenue de travail puis on endossait redingote et haut de forme pour l’exécution elle-même. Après le meurtre, on jetait des seaux d’eau sur la chaussée. A l’angle de la rue de la Croix Faubin, 5 dalles incrustées dans le sol indiquent encore aujourd’hui l’emplacement de la bête.

Chaque exécution est l’occasion d’un rassemblement de curieux, qui se pressent pour voir jaillir le sang et entendre les derniers mots du condamné.  En 1884, un inconnu est guillotiné sans avoir rien avoué, ni même son nom.« Messieurs les juges veulent prendre ma tête, dira-t-il. Ils la prendront sans étiquette. »