A Paris, tout finit sur un billot. Ou tout y commence, question de point de vue… Chaude ou froide, la tête est souvent concernée. Mais pas toujours facile à garder.

Premier grand décapité parisien, Saint Denis vivait au midi de la Seine. Sa biographie est un vrai chemin du sud au nord. D’abord établi au niveau de l’actuelle rue Henri Barbusse, il descend vers le fleuve et fonde St Etienne des Grès, à l’angle Cujas et St Jacques, avant de fonder St Benoit, à l’angle nord-est de la Sorbonne. Arrêté avec Rustique et Eleuthère, par le préfet Fesceninus, qui leur demande d’abjurer leur foi, il est torturé à la pointe est de la Cité. Le supplice est d’un élégant raffinement : les trois chrétiens auraient été flagellés, mis au cachot, étendus sur un grill, jetés aux lions, enfermés dans un four, attachés sur une croix et enfin condamnés à être décapités devant le temple de Mercure. Et voici nos pieds nickelés de la pensée christique qui montent un petit chemin arboré menant à Montmartre, qui s’appellera un jour rue des Martyrs.

Décapité au niveau de la rue Yvonne Le Tac, Denis aurait alors ramassé sa tête pour la laver dans ce qui deviendra la fontaine st Denis (impasse Girardon). Puis le voilà qui descend, tête sous le bras, de l’autre côté de la colline. Après 6000 pas, il arrive devant une femme : Catulla. Celle-ci recueille la tête des mains du saint, avant qu’il ne s’écroule. A cet emplacement sera fondée la basilique de St Denis… Nos rois y dormiront sereinement, jusqu’à ce que le dernier d’entre eux (ou presque…) finisse lui-aussi sans tête. Tout est cycle, on le sait…