Vivre à Paris

Le Procope, premier café de Paris

D’abord simple curiosité, la consommation du café devient une mode à l’aurore du roi Soleil. En 1669, l’ambassadeur de Mahomet IV donne aux parisiens le goût du café. Pour exciter la curiosité, la boisson doit toutefois transiter par l’incontournable foire Saint Germain, où l’Arménien Pascal fait goûter cet acre breuvage. Plusieurs Arméniens prennent sa suite, mais c’est un Sicilien, Francesco Procopio dei Coltelli qui fait réellement découvrir le café aux Parisiens, en 1686. Récupérant une échoppe ouvert par les Arméniens, rue des Fossés Saint Germain, il en fait le lieu le plus à la mode de Paris. Trois ans après son installation, le jeu de paume qui fait face à son café devient la Comédie Française et ouvre ses portes, le 28 avril 1689, avec Phèdre de Racine et Le Médecin malgré lui de Molière. C’est peu dire que Le Procope devient le Fouquet’s de son temps. Dans un cadre luxueux, raffiné et réservé à une élite, Le Procope est amené à une destinée pluri-séculaire.

En 1700 la Comédie Française change de rive mais le Procope reste le rendez-vous des beaux esprits, comme ceux des futurs Encyclopédistes. Il deviendra ensuite un lieu de débats politiques, quartier général de Danton, Desmoulins, Marat… On dit que le premier bonnet phrygien y aurait été porté par un dénommé Julian. Survivant à la Révolution, le Procope sera chéri par Musset, Sand, Gautier mais aussi le jeune Gambetta.

Le café est vendu aux enchères en 1890, racheté par une baronne puis loué à un fils de libraire qui y accueille la fine fleur de la fin de siècle : Verlaine, Huysmans, Wilde, Maurras. En 1900 : nouvelle mise aux enchères et acquisition par l’assistance publique ! Le lieu s’endort, même s’il est à nouveau acheté en 1940 par un Madame de Jonquières. Devenu aujourd’hui une brasserie sans grand relief, du moins conserve-t-il la noblesse de son histoire…