Vivre à Paris

Les grands cafés de la rive droite

Le Palais Royal est le premier épicentre des cafés parisiens. Ceux-ci y font preuve d’une belle inventivité pour lutter contre la concurrence. Ainsi le Café des Aveugles est-il agrémenté d’un orchestre composé de «non-voyants ». Encore plus étrange : ce Café Mécanique, ouvert en 1785. On y passe commande par une sorte de micro qui aboutit dans le sous-sol. Puis le centre de la table s’ouvre et les boissons arrivent par un monte-plat ! Au soir de l’ancien régime, Paris peut s’enorgueillir de près de deux-mille cafés. Mais ceux-ci vont littéralement exploser au XIXe siècle, se diversifiant et déclinant toutes les possibilités offertes par leur établissement : musique, chant, concert, spectacle etc.

Impossible de dresser la liste de tous les cafés parisiens, d’autant que ceux-ci sont parfois devenus de vrais restaurants. Disons que les établissements des Grands Boulevards sont les précurseurs, notamment le célèbre glacier Tortoni.

En 1815, Tortoni est le premier à proposer de servir ses clients sur le trottoir, inventant le concept de la consommation en terrasse. Balzac et Proust parlent de ce café que Barbey hanta et que Bismarck appréciait. Se trouvant au 22 du boulevard des Italiens, à l’angle de la rue Taitbout, il ferma en 1893.

Il faut également citer le Café de la paix, dans le Grand Hotel, qui fut le QG des noctambules de la Belle Epoque et dont il reste au moins l’emplacement. Citons aussi le Restaurant Hardy, table incontournable du boulevard des Italiens qui est vendu, démoli, puis remplacé par la fameuse Maison Dorée, laquelle se trouvait contre Tortoni. Premier véritable café de grand luxe, La Maison Dorée devient le lieu de ralliement des élégants et des cocottes. Ses cabinets particuliers (surtout le numéro 6) sont extrêmement demandés. C’est ici que les impressionnistes feront leur dernière exposition « de groupe » en 1886. Las, la Maison Dorée fermera en 1902, devenant le siège d’une banque. Promis à la démolition dans les années 70, on n’en a conservé que la façade, comme un décor de film. Pour en finir avec les grands boulevards, citons enfin le Café de Paris, qui se trouvait après Tortoni et la Maison Dorée (à l’emplacement de l’actuel Monoprix) Il sera le lieu de réunion de l’académie Goncourt jusqu’à 1914, (avant que celle-ci n’élise Drouant), et fermera en 1955.