Vivre à Paris

Les îles disparues

La Seine a longtemps été un archipel fluctuant, à mille lieues de la belle rigueur du Paris contemporain.

L’actuel Boulevard Morland couvre un bras du fleuve qu’on appelait l’Arsenal et qui séparait la rive de l’île Louviers. Cette dernière (alors appelée île Javelle) fut achetée par Nicolas de Louviers à la fin du Moyen-âge, pour y stocker du bois. L’île Louviers ne sera rattachée au Paris continental qu’en 1841.

Suivons maintenant le cours du fleuve et gagnons au pied de l’Assemblée Nationale : sans faire d’esprit potache, une partie du quai était alors séparé de la rive et se nommait l’île merdeuse.

Un peu plus loin, de la rue Jean Nicot au Champ de Mars, une longue bande de terre rassemblait les îlots de Longchamps, des Treilles et des Vaches.

Baptisée île Maquerelle (rien à voir avec les bordels, mais parce qu’on s’y battait en duel pour des « mauvaises querelles ») on la nomma Ile aux cygnes, car Louis XIV la fait peupler de cygnes en 1676. C’est ici que l’on aurait enterré les cadavres protestants de la St Barthélémy. C’est également sur cette île qu’on nettoyait, les tripes des boucheries, avant de les revendre aux tripiers. De ces tripes étaient produits une huile qui alimentait les réverbères de la ville. Tous ces petits îlots furent agglomérés les uns aux autres sous l’Empire.

Enfin, on ne confondra pas l’île au cygne avec l’île des Cygnes, îlot artificiel créé en 1825 par la société concessionnaire du Pont de Grenelle, qui fait aujourd’hui face à l’hideux Front de Seine, et dont la statue de la liberté indique le chemin d’une autre ville-archipel.