Vivre à Paris

Les routes auxquelles Paris a échappé

Napoléon III avait des idées assez arrêtées en matière d’urbanisme. Ainsi envisageait-il de raser toute la butte Montmartre pour la lotir. De même, à ceux qui s’étonnent que la rue de Rennes commence au numéro 41, répondez leur qu’elle devait se prolonger jusqu’à la Seine, écrasant en chemin la rue Bonaparte et tous les hôtels avoisinants…

Le projet le plus insensé fut sans doute cet immense réseau autoroutier dont devait bénéficier la capitale sur quarante ans. Conçu au cœur des trente glorieuses et très soutenu par Pompidou, alors premier ministre, il entendait faire de Paris une immense voie express, comme le devinrent les berges de la Seine.

Ce qui est aujourd’hui circonscrit au périphérique pénétrait la capitale en de nombreux endroits, afin de désengorger les embouteillages.

Les trajets envisagés à l’époque sembleront aujourd’hui totalement surréaliste : une rocade souterraine gare saint-Lazare-gare de l’est ; une rocade à ciel ouvert Saint-Lazare-Montparnasse, frôlant les Champs-Elysées, la Madeleine, la Concorde et devenant souterraine au niveau du grand palais ; la « radiale Vercingétorix », qui reliait la porte de Vanves à la gare Montparnasse (et qui commença à être conçue, ce qui explique les nombreux squares de la rue Vercingétorix, improvisés après l’abandon des projets sur les chantiers en friche) ; la « radiale de Bagnolet », qui longeait le père Lachaise et détruisait plein d’immeubles jusqu’à la rue du Chemin Vert ; enfin un axe à ciel ouvert liant Aubervilliers à la porte d’Italie : Stalingrad, le canal Saint Martin, la place de la Bastille, le pont d’Austerlitz, le Boulevard Saint Marcel, la place et l’avenue d’Italie ne seraient devenu qu’une longue autoroute à quatre voies… Fort heureusement, les chocs pétroliers ont ralenti le projet. La mort de Pompidou et l’arrivée de VGE l’ont définitivement enterré, en 1974. Paris a échappé au pire !