Vivre à Paris

Paris, fille aînée de l’Eglise

D’abord riche en temples païens, Paris accueille ses premières églises au IVe siècle. Mais c’est l’arrivée des mérovingiens qui marque le début de l’épidémie. A partir de 500, avec la rage propre aux convertis, Clovis couvre Paris d’établissement religieux. Voici celui dédiée à Pierre et Paul, au sommet de la montagne sainte Geneviève. Voici St Marcel, voici Saint Julien le Pauvre. Voici la basilique Sainte Geneviève, détruite au début du XIXe siècle mais dont il reste une tour, dans le lycée Henri IV.

Voici surtout la basilique Ste Croix-St Vincent, qui deviendra St Germain des Prés. Sa nef est le seul vestige roman de Paris, ce qui en fait l’église la plus ancienne de la capitale. Telle est son histoire : En 542, Childebert, fils de Clovis, revient de Saragosse avec la tunique de Saint Vincent. Sur les conseils de l’évêque Germain, il décide de bâtir une église et un monastère au bord de la Seine, en face de la Cité. Les reliques deviennent vite un lieu de pèlerinage. La basilique Sainte-Croix-saint-Vincent sera bientôt rebaptisée Saint-Germain-des-Prés, pour éviter la confusion avec St Germain l’auxerrois et St germain le vieux.

Paris devient ainsi une ville phare de la chrétienté. Durant le VIe siècle, on n’y accueille pas moins de six conciles. C’est que l’église y est riche et puissante. Au moyen-âge, elle possède la Cité ainsi que les deux rives. Il faut pourtant attendre 1622 pour que la ville devienne un archevêché, car elle était jusqu’alors inféodée à Sens. Au XVIIe siècle, les seize quartiers de Paris sont fonction de ses églises. A la veille de la Révolution, on compte ici quelques 160 églises et chapelles, 11 abbayes et 123 couvents. La plupart possédant chacun ses terres et son cimetière. La foule en furie avait donc de quoi passer sa hargne anticléricale, ce qu’on réalise en songeant que sur les 130 églises et chapelles que compte encore Paris aujourd’hui, seules 57 sont antérieures à 1789.

Près de 250 établissements religieux ont donc disparu de la carte, rayés par l’histoire. Paradoxe : l’église reste encore un des plus gros propriétaires fonciers de la capitale. Si les 75 églises antérieures à 1924 appartiennent à la ville de Paris, les papistes n’y possèdent pas moins 800 000 mètres carrés : ce qui correspond à deux fois le Vatican !