Vivre à Paris

Promenade exotique dans les églises parisiennes

Entrons contempler les 37 000 ex-votos de Notre Dame des Victoires, place des petits pères, qui a remplacé le Couvent des Augustins Déchaussés, qu’on appelait « petits pères ». Allons-nous recueillir sur la tombe de Corneille, à Saint Roch, sur celle de Racine, à St Etienne du Mont, sur celle de Boileau, à St Germain des Prés. 

Cherchons les vestiges de la Chapelle saint Aignan, derrière un porche de la rue des Ursins, dernier témoin de ce que fut la Cité avant Haussmann.

Respirons les feux éteints du jansénisme à St jacques du Haut pas. Suivant Villon, Rabelais, Dante, Pétrarque ou Thomas d’Aquin, qui vinrent s’y recueillir, entrons dans St Julien le Pauvre, plus petite église de Paris, qui accueille depuis 1889 de rite grec Melchite. Flânons jusqu’à St Germain de Charonne, exquise petite église de campagne, en contrebas du Père Lachaise, où fut tourné le mariage final des Tontons Flingueurs

Pleurons sur les cœurs envolés de nos rois, qui étaient gardés dans l’église  du Val de Grâce, en un cœur de plomb puis d’émail, mais furent volés en 1793. Bénissons ce marchand plébéien qui racheta les vestiges de l’église Saint-Jacques-La-Boucherie mais trouvait le clocher trop beau pour oser le détruire…

Faufilons-nous dans Saint Pierre de Montmartre, où Claude Chappe expérimenta en 1793 la télégraphie aérienne. Poussons en voisin jusqu’au Sacré-Coeur, molasse pâtisserie romano-byzantine édifiée par Paul Abadie, disciple de Viollet le duc, afin d’expier les saccages de la Commune et d’implorer que Dieu voulût bien rendre l’Alsace et la Lorraine. Nous y contemplerons les preuves des nombreuses souscriptions dont bénéficia le bâtiment pour achever sa couteuse construction : avoir son nom gravé sur une pierre coutait 500 francs, investir dans une colonne ou un pilier pouvait monter jusqu’à  100 000 francs. La foi pousse à la dépense !

Pénétrons dans la Sainte Chapelle en songeant qu’elle fut bâtie pour recueillir les biens les plus précieux de la chrétienté : la couronne d’épine, du bois de la croix, le fer de la lance, l’éponge, du sang du Christ, les cheveux, le voile et le lait de la vierge, et même la verge de Moise !

Allons humer les travées de Saint Sulpice, deuxième plus vaste église de Paris avec ses 120 mètres de long, pour savoir s’il y reste les fumets de ce banquet de 750 personnes qu’organisa Bonaparte en 1799.

Marchons autour de Saint Séverin pour contempler les travées du charnier qui entourait son cimetière. Auscultons St Gervais pour voir s’il reste des marques de cet obus de la grosse Bertha (en poste à Crépy en Valois), qui la toucha le 29 mars 1918, durant l’office du Vendredi Saint, et tua cent fidèles. Enfonçons nous au fond de la cour du 91 rue Lecourbe, où se trouve une mini église russe autrefois construite autour d’un arbre. Restons dans le même quartier et filons au 27, rue François Bonvin, dans cette église Sainte Rita où, chaque premier dimanche de novembre, l’on baptise des animaux… Gravissons les marches de l’église Saint Lambert, où se déroule le meurtre liminaire de la Mariée était en noir, de Truffaut. Lançons-nous enfin dans un tour général des églises parisiennes à l’aube des années 60, en revoyantUn drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky, qui narre la geste d’un pilleur de troncs. (photo de St Gervais).