Vivre à Paris

Le Paris « chaud »

Paris a toujours été une ville sensuelle. Les femmes de petite vertu en ont toujours hantées ses rues, longtemps avant que n’y apparaissent des trottoirs. Saint Louis aura beau les expulser, on aura beau fermer les maisons closes, on aura beau leur imposer des tenues différentes, rien n’y fait.

C’est la rue Saint Denis qui, de tous temps, fut la terre-mère des filles de joies. Saint-Louis les y avait assignées à résidence, en retrait des bâtiments religieux. Délimité par les actuelles rue Greneta, st Denis, aux Ours et saint Martin, ce quartier était appelé le Huleu. Lorsqu’elles étaient surprises ailleurs que dans le périmètre, on les promenait à califourchon et à l’envers sur un âne, sous les huées du peuple.

Le 18 septembre 1367 est consigné l’emplacement des « maisons », avec interdiction d’en changer. Las, la Renaissance voit leur première fermeture, qui provoque une immédiate recrudescence des claques clandestins et des infections allant de pair. Henri IV les fait rouvrir, instaurant un âge d’or qui va durer jusqu’en 1946.

Le nombre des prostituées va aller croissant. On en compte cinquante mille (recensées) au mitan du XIXe siècle. Et cela sans compter les femmes « entretenues », qui pullulent sous la Monarchie de Juillet. Cette caste a d’ailleurs sa hiérarchie : les « lionnes » sont les courtisanes officielles, telle la Paiva; les « grisettes » sont les plus modestes (elles sont ouvrières les jours et marchandes de plaisir la nuit). Au milieu se trouvent les fameuses « lorettes » du nouveau quartier Saint Georges, près de l’église Notre Dame du même nom. Elles ne se partagent pas entre plusieurs métiers mais plusieurs amants, au fil de la semaine.

Le surnom de « Lorette » aurait été trouvé par Paul Gavarni, grand libertin de Montmartre sous la Restauration qui inventoriait toutes ses conquêtes. Ruiné, il finit sa vie parmi les « filles » du quartier St Georges.

Ce quartier dit de la « Nouvelle Athènes » et tout le quartier Pigalle deviendra peu à peu la zone chaude de la capitale. Dès la moitié du XIXe, les Prostituées y colonisent les immeubles car, trop vite loti, le quartier a eu du mal à trouver des locataires « convenables ». Si bien que les propriétaires ont dû se rabattre sur des « biches »…