Vivre à Paris

Les arbres parisiens

On a beau arguer que Londres possède bien plus d’arbres que Paris, notre capitale en dénombre près d’un demi-million (en comptant parcs et jardins). L’arboretum parisien décline quelques quatre-vingt essences et trois-cents variétés. Le préfet Rambuteau disait qu’il préférait se faire arracher une dent plutôt que devoir déraciner un arbre, ce pourquoi il en fit planter un grand nombre. Haussmann lui-même en aurait mis en terre 82 000. Aujourd’hui, on évalue les arbres de nos rues à quatre-vingt-cinq mille. On est certes loin de la grand sylve gauloise, mais nos 35 000 platanes et 13 500 marronniers ont fière allure. Ayons une pensée pour les vingt-mille ormes qui garnirent longtemps Paris, et qu’une maladie frappe depuis trente ans, ne nous en laissant aujourd’hui guère plus d’un millier. D’autant que l’orme est peut-être l’arbre parisien par excellence. Jadis, on l’associait au Christianisme, car sa sève est rouge comme le sang des martyrs. L’Orme de Saint Gervais, devant l’église du même nom, était l’arbre sous lequel on rendait la justice au Moyen Age (tandis que l’arbre de Saint-Louis, au bois de Vincennes, était un chêne). L’orme de St Gervais était aussi le lieu des duels. « Rendez-vous sous l’orme », lançait-on, sans qu’il fût nécessaire de préciser lequel.

A Paris, l’arbre le plus gros est un platane d’orient qui orne le parc Monceau depuis 1814 : 7 m de circonférence ! Le plus haut est un platane du bois de Boulogne, qui culmine à 45 m. Le plus vieux est quant à lui une institution du quartier latin. Adossé à l’église Saint Julien le Pauvre, le Robinier du square Viviani (un « faux acacia » planté par le botaniste Robin) survit aux âges depuis 1602. Pour voir les autres membres de la gériatrie arboricole parisienne, poussez jusqu’au Jardin des Plantes et saluez cet érable de 1702 ou ce pin de 1747. Le cèdre du Liban que Jussieu rapporta d’Angleterre en 1734 est l’objet de quelques légendes. Après un voyage sans encombre, le pot se serait brisé entre le domicile de Bernard de Jussieu et le jardin : l’arbre passera la fin de l’odyssée dans le chapeau du naturaliste…