Vivre à Paris

Petite histoire des Toilettes publiques

Jusqu’au XVIII e siècle, Paris est une immense fosse d’aisance à ciel ouvert. Nul ne s’en offusque, habitué aux fumets d’une ville qui n’en est plus à une puanteur prêt. En 1771, la Police installe des barils à certains coins de rue, pour qu’on s’y puisse soulager. Mais c’est au Palais Royal qu’on trouve les toilettes les plus luxueuses, pour qui est prêt à payer bon prix. Il faut toutefois attendre la Monarchie de Juillet pour que Paris se dote d’urinoirs gratuits, dans ces petites guérites devenues si fameuses, dont les « paravents » tenaient aussi lieu de colonnes Morris. Le préfet Rambuteau en fait mettre partout dans Paris, frôlant bientôt les 500 vespasiennes, qui font vite la gloire les Boulevards. Ces sains lieux deviennent vite de mauvais lieux. Prostitués males et femelles y rodent souvent.

La Troisième République en construit partout (n’oubliant pas non plus les dames, pour qui elle confectionne de véritables petits chalets). La décadence de ces oasis va venir avec l’amélioration de l’hygiène. Au mitan du XXe siècle, de plus en plus d’appartements parisiens disposent de toilettes privées (fussent-elles encore sur le palier). Et puis les urinoirs deviennent de plus en plus insalubres, de moins en moins confortables. Vestiges des temps anciens, les vespasiennes se délabrent et disparaissent les unes après les autres. Il en reste une seule, boulevard Arago, devant le mur de la prison de la Santé !

Aujourd’hui, nous en sommes presque revenus au point de départ. N’étaient ces étranges sanisettes blafardes, qui sont des cachots futuristes généralement en panne, il est à nouveau compliqué de se soulager en pleine ville. Certaines choses ne changent pas.